
au bord du Tage, juste derriĂšre ce pĂȘcheur qui installe sa canne comme on installe un rituel. Je regarde sa silhouette qui dĂ©coupe la lumiĂšre. Je sens lâair marin qui glisse depuis lâembouchure. Et je me dis que Lisbonne offre souvent ces moments suspendus, Ă mi-chemin entre dĂ©tente et contemplation. Peut-ĂȘtre que toi aussi, tu as dĂ©jĂ ressenti cette beautĂ© simple, celle qui ne demande rien dâautre que de sâarrĂȘter et de regarder.
Face au fleuve, tout devient plus lent. Le Tage nâest pas un simple dĂ©cor. Câest une respiration de la ville. Une prĂ©sence. Tu vois lâeau qui avance doucement ? Tu devines ce flux continu qui accompagne le geste du pĂȘcheur ? Moi, jâadore cette harmonie silencieuse. Elle existe ici comme elle existe parfois sur les quais de Porto, oĂč le Douro raconte dâautres histoires.
Ă Lisbonne, ce contraste me fascine. Dâun cĂŽtĂ©, la force du Pont du 25 Avril, massif, rouge, aĂ©rien. De lâautre, la patience du pĂȘcheur qui regarde sa ligne plonger dans le bleu. Câest cette opposition qui mâa poussĂ© Ă dĂ©clencher. Ce mĂ©lange entre industrie et loisir, entre bruit potentiel et calme absolu. Et si tu regardes bien, tu verras que tout s’Ă©quilibre : les grues, les bateaux, les cannes. Un tableau vivant, profondĂ©ment lisboĂšte, qui rejoint naturellement les autres images de Lisbonne.
Alors oui, je photographie beaucoup de villes, beaucoup de fleuves, beaucoup de scĂšnes du quotidien. Mais ce moment-lĂ , face au Tage et Ă ce pĂȘcheur concentrĂ©, mâa appris encore une chose : parfois, la beautĂ© tient dans lâattente. Et dans le fil invisible qui relie un homme Ă lâeau.























